La vie d'un futur mort

Le début

Mon père est informaticien, il a toujours du mal à trouver un travail mais il en a un. Il est issu d’une famille de paysans, mon grand père était un fils de fermier qui a vécu sa jeunesse à occuper des cochons dans la campagne angevine. Puis il a été à l’armée, il a appris à se passionner pour l’informatique et en a fait son métier par la suite. Ma grand mère elle était institutrice en maternelle. Mon père a aussi une soeur. Plus grande que lui, elle a prit soin de lui et a assumé la moindre de ses bêtises. Comme la fois où il a mangé un pot entier de fraises à en être malade. Depuis il ne peut plus du tout en manger. Je pense que cela lui a servi de leçon. Ma tante a travaillé en tant que secrétaire à ses débuts. Puis elle a fini par acceuillir des enfants pour la DDASS. Elle a toujours donné tout l’amour qu’elle pouvait à ses enfants, même encore maintenant qu’elle est à la retraite.

Ma mère quand à elle effectue le contrôle final dans une usine d’aéronautique. Mon grand père est un électricien à la retraite et un ancien pompier. Il a eu un début de carrière dans l’armée et a toujours été quelqu’un de droit et sérieux. Je ne sais pas grand chose de ma grand-mère. Je sais juste qu’elle est décédée d’un cancer lorsque j’avais 3 ans. Ils ont eu deux autres filles après ma mère. La plus vieille des deux est même ma marraine. La plus jeune a toujours été très proche avec moi, elle me changeait quand j’étais bébé, m’a toujours aimé comme un fils. Mon grand père est avec une autre femme. Pas très apprécié par toute la famille mais bon tant que mon grand-père est heureux.

Moi je suis né en été, peu longtemps après la fête de la musique. Ce qui fait de moi un Cancer. Petit bébé grassouillet, premier enfant de mes parents et gamin souriant même au réveil. Ma tante ne cesse de me rappeler que lorsqu’elle me changeait elle m’enlevait les chaussettes et me disait avec dégout que mes pieds puaient, ma seule réaction était un éclat de rire. Mes souvenirs ne me permettent pas de m’en souvenir mais elle ressort cette anecdote dès qu’on se voit. Les vidéos, rescapées du temps qui passe, m’ont aussi montré que le mari de ma marraine s’amusait aussi à faire le gorille. Avec le recul ce passage était aussi très drôle.

J’avais aussi de l’avance. À peine 18 mois et je marchais déjà. Toujours aussi grassouillet et joyeux, j’étais un enfant vraiment heureux. J’avais aussi une nourrice, tunisienne, qui me gardait et qui m’a donné tout son amour. J’ai découvert les dattes, le thé à la menthe. Ce thé à la menthe à la saveur inégalable. Et on se demande pourquoi je bois mon thé aussi sucré… J’ai aussi eu le droit à mon premier panaché. Mais ça il ne fallait surtout pas le dire…

Mais le bonheur a une date de péremption et pas longtemps après le décès de sa mère, ma mère a divorcé de mon père. Je suis resté chez mon père, choix de mes parents pour ne pas que je sois trop perturbé. Je voyais donc ma mère un week-end sur deux. Peu de temps après, mon père a trouvé quelqu’un d’autre, une femme avec qui il est encore aujourd’hui. Cette femme avait eu une plutôt haute éducation. Un père qui travaillait à l’Académie Française, une mère prof. J’avais toujours des facilités qui m’ont permis de sauter le CP. Je savais déjà lire et je me suis retrouvé dans une classe intermédiaire, un CP/CE1. À côté de ça j’avais la chance d’aller dans des parcs d’attractions : Parc Astérix, Disneyland, La mer de sable. Tout ce qui peut rendre un enfant heureux.

Entre temps ma mère a trouvé quelqu’un. Un français, d’origine portugaise, qui m’a fait découvrir l’Univers de Marvel. C’est aussi grâce à lui que j’ai pu vivre la finale de la Coupe du Monde de Football au Portugal. Seul petit français au milieux de portugais, fervents supporters du Brésil pour des raisons éventuelles et historiques de culture. Durant ces vacances j’ai aussi été le souffre douleur des neveux dès mon beau-père. Ils s’amusaient à me faire mal.

Quelques mois après naissait ma première petite soeur, fruit de l’amour de mon père et ma belle-mère. Je l’ai toujours aimé. J’en étais fier. J’avais enfin une petite soeur, un être que je pourrais protéger, qui pourra être fier de moi, à qui je pourrais enseigner plein de choses…

Puis mon année de CE2 vint. Et ce fut le début… Le début de la descente. J’étais un élève surdoué, je comprenais plus rapidement, j’avais une logique inimitable. Mais le problème dans ce cas c’est que personne ne t’apprécie. Les bons élèves sont montrés du doigt, rackettés, moqués. Alors je ne voulais pas de ça. Je voulais être aimé des gens. Et j’ai appris que les petites malins qui faisaient le pitre, ceux qui faisaient rire les autres, étaient préférés. Alors j’ai changé. Je suis devenu le dernier de la classe, je répondais aux professeurs, je faisais l’idiot. Mais il y a eu des répercussions sur la vie de famille. Mon père s’énervait contre moi, j’avais des punitions. Mais les punitions étaient peut être un peu trop… Ça a commencé avec des gifles, "mono" puis "stéréo" comme s’amusait à m’apprendre mon père ou avec les bagues de ma belle-mère qui me griffaient les joues. Je me rappelle d’une fois où elle a remarqué une griffure sur ma joue. Quand je lui ai dit que c’était elle, elle a répliqué par une gifle.
Puis ensuite il y a eu les coups de pieds aux fesses de ma belle-mère avec ses santiags, me laissant des bleus.
Puis ils me tiraient les oreilles, les laissant violettes.
Après c’était les punitions à rallonge. Une demi-heure pour faire 100 lignes. Deux minutes de trop et c’était 100 lignes de plus en 28 minutes. Et ça continuait jusqu’à ce que je tienne les délais malgré ma main et mon poignet endoloris.
Il y a eu les "jeux" dans la voiture. Le passager à l’avant s’amusait à me faire réviser mes tables de multiplication. Le jeu consistait à me poser une multiplication et à attendre ma réponse. Trop long à répondre : une claque. Mauvaise réponse : une claque. C’était ma hantise.
La plus humiliante pour moi fut la fois où j’avais demandé à sortir de table pour aller aux toilettes. Je ne devais pas sortir sans autorisation. Ils m’ont laissé à table sans me répondre pendant deux heures. Je n’ai pas su me retenir et j’ai souillé mes vêtements d’urine et d’excréments. J’ai du aller prendre un bain et ramasser mes déjections à la main pour les mettre dans un bocal.

Pendant ce temps ma mère a eu une fille avec mon beau-père. Ils ont dû déménager pas longtemps après pour le travail et se sont retrouvés à 3h de route de chez moi. Je n’allais donc chez eux que pour les vacances, une fois sur deux.

À cause de mes soucis j’ai du changer d’école. Mon comportement était de pire en pire et j’ai eu le malheur de dire que j’étais maltraité en classe. J’ai du donc sortir de cette école privée pour une école publique. Ma mère avait pris des photos de mes "marques" au niveau des fesses et des oreilles et voulait tenter de me récupérer. Mais j’ai eu peur de mon père et j’ai refusé. Mon père et ma belle-mère me manipulaient pour que me faire comprendre que j’étais mieux chez eux. Avec ce fameux tableau des pour et contre. Ah oui les fameux parcs d’attractions et les cadeaux pesaient en leur faveur dans la tête d’un garçon. Et donc je suis resté avec eux.

Je restais toujours un enfant terrible. Je continuais mes bêtises et les punitions continuaient. Puis j’ai été de pire en pire. Dessins macabres en tout genre. Et en sixième j’ai ramené un couteau en classe pour attirer l’attention. Le matin je partais plus tôt en prétextant avoir cours. Je volais de l’argent à mon père, ma belle-mère et à ses parents pour m’offrir des bonbons, des pistolets à bille, des sodas ou des gâteaux apéros. Mais il y a eu la fois de trop…

Un soir, après les cours, je rentrais chez moi et déposais mon carnet de correspondance dans l’entrée, un mot d’un prof écrit à l’intérieur… La soirée se passe sans qu’ils ne le voient et je pars me coucher. Je pensais échapper à l’engueulade. Mais je me trompais…